Une touche de magie, un soupçon de paranormal, une attraction
Je me suis toujours demandé quelle liberté j’aurai pour la création de la couverture de mon premier roman chez Lune-Ecarlate. Parmi mes connaissances (virtuelles ou non), plusieurs auteurs ont eu la possibilité de soit créer eux-mêmes leur couverture (avec plus ou moins de réussite), soit demander quelque chose de précis à l’illustrateur, soit n’ont eu à aucun moment leur mot à dire et ont découvert la réalisation en même temps que le public. Cette dernière option est à mon goût la pire de toutes, ça donne l’impression de ne pas avoir beaucoup d’importance aux yeux de l’éditeur qui n’a pas pris la peine d’en parler avec l’auteur.
Du coup, j’appréhendais cet instant. Mais, une fois que l’éditrice m’a posé la question, c’est allé très vite : elle m’a demandé des propositions d’images en me donnant une adresse de site et je filais de suite me plonger dans la multitude de réalisations. Mon idée était claire pour le tome 1 et le tome 3, mais pour le second c’était beaucoup plus flou. Les mots clés ne m’apportaient pas vraiment d’images convaincantes. De fils en aiguilles, j’ai pourtant trouvé une piste intéressante et qui n’était pas vraiment creusées dans l’histoire, mais qui depuis prendra une véritable ampleur dans les deux derniers tomes (il n’y a pas de hasard, vous vous souvenez ?^^)
Bref, tout ça pour vous dire que le lendemain je lui faisais une proposition de couverture pour les trois tomes afin de montrer la pertinence du choix dans sa vision globale. (Pour garder un peu de suspense, je ne vous les montrerais pas).
En tant que lectrice, je ne suis pas du genre à apprécier voir des personnages sur les couvertures, car j’aime me représenter les héros. Même en étant guidée par les indications de l’auteur, le visuel n’est pas forcément ce que j’imagine, alors autant éviter la frustration et la déception. J’aime également les objets symboliques. D’ailleurs, lors de ma collaboration avec une membre du forum Jeunes Écrivains, j’avais demandé à Séléné.C si elle pouvait créer une couverture pour « La romancière ». Elle avait réalisé ceci :
Le symbole d’Annie avec la branche de jasmin, le symbole de Deniel avec la coupe de sang, et bien sûr, un pinceau pour la calligraphie. J’aime beaucoup ce dessin, car il représente parfaitement ce que je souhaitais mettre en avant.
Mais revenons à ce 23 octobre 2016 où l’éditrice me donnait l’adresse du site. Le lendemain, je lui proposais (avec une certaine appréhension) un premier jet réalisé avec Photoshop. Je ne maîtrise pas du tout cet outil, mais, en tant qu’amatrice, mes maigres connaissances m’ont permis de donner une idée du visuel souhaité.
Je me souviens parfaitement de sa réponse « L’idée est intéressante ». Arg ! Devais-je sauter de joie parce que c’est vraiment intéressant ou est-ce que c’est « intéressant, mais peut mieux faire, cherche autre chose » ? Par chance la suite de la conversation m’indique que ça peut marcher : l’idée lui plaît, elle aime casser les codes. (YES !) Eh oui, on ne verra pas de vampires sur ma couverture !
Étant une habituée d’un forum d’écriture, j’ai pu remarquer à de nombreuses reprises que rien que le fait de noter « vampire » en description de texte, certaines personnes passaient leur chemin. Alors que, si tu ne le dis pas, ils commencent à lire, trouvent intéressant et poursuivent la lecture. Même s’ils font la moue en arrivant face à l’évidence des crocs, une fois plongés dans l’histoire, il est fort possible qu’ils continuent, alors qu’ils n’auraient jamais mis le nez dans la première page si cela avait été estampillé « Attention, buveurs de sang ».
Avec cette couverture, mon but était clairement d’intriguer, de donner envie de prendre ce livre et le retourner pour en lire la 4e de couv. Personnellement, ce genre de couverture suscite cette envie chez moi, alors je ne pouvais qu’espérer ne pas être la seule dans ce cas.
Le hic restait le fond totalement blanc. Fallait-il le filtrer façon sépia ou apporter un vignettage (comprenez « assombrir les coins ») ? Comme je ne sais pas faire cela, j’ai laissé en suspens, pensant que l’éditrice-graphiste ferait des essais. Entre temps, j’ai quand même cogité et proposé un fond « papier froissé » pour casser un peu ce blanc lisse, ce qui convenait parfaitement à l’histoire et aux pinceaux. J’ai également fait une suggestion avec un rajout de noir pour tenter d’assombrir sous le futur titre, car je craignais qu’il ne se démarque pas assez.
Et puis le 30 novembre, à 7h18, l’éditrice m’a demandé où on en était dans la couverture, et à 9h16, je l’avais entre les mains.
Commevous l’imaginez, je me suis empressée de la poster sur le forum d’écriture Jeunes Écrivains. Je m’attendais à des retours partagés, ce fut le cas. Ce qui fait débat ne laisse pas indifférent : j’espérais que cette couverture ferait de même auprès des Services Presse.
Toutes les remarques ont été intéressantes et pertinentes. Ce qui en est ressorti du forum :
Points négatifs |
Points positifs |
Perplexité sur l’impact visuel et l’esthétisme générale, graphisme basique, craintes que le titre se distingue mal. | Une couverture blanche pour un monde de vampire, c’est rare. De la calligraphie pour une histoire d’amour et de vampire, c’est encore plus rare. Une romance on n’en parle même pas. Elle a le mérite de ne pas tomber dans les clichés. Elle est différente, sobre, épurée. Elle se démarque des autres, intrigue et laisse place à l’imagination. |
Les informations essentielles doivent être rapidement accessibles aux lecteurs et la couverture ne permet pas de toucher de suite le lectorat ciblé. | En grandes surfaces ou librairie, les livres sont rangés par section, par catégorie et genre. Aussi « La romancière » sera mise dans le rayon adéquat.
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On ne comprend pas la signification des pinceaux pour un livre parlant de romancière et de vampires. | Le lien pourtant avec l’histoire est fort, cela donnera à la fin de la lecture un sentiment d’adhérence et d’appartenance au groupe. Oui, il faut l’avoir lu pour comprendre la couverture. |
La visibilité du titre avec un fond blanc a également été évoquée. La maison d’édition harmonise ses collections et le titre pour la section « Pleine lune » est toujours pareil. Pour exemple :
Les retours que j’ai eus des lecteurs lors de l’envoi des SP étaient assez bons, mais comme tout le monde ne s’est pas prononcé à ce sujet je ne sais pas quel est l’impact réel de la couverture. Je demanderai cela durant mes dédicaces.
Ce fut en tout cas un réel plaisir d’obtenir une couverture qui me parle et symbolise (à mes yeux) parfaitement le roman.
Prochain article : l’influence des retours des commentateurs et les publicités sur les ventes d’ebook durant le 1er mois de publication.