Une touche de magie, un soupçon de paranormal, une attraction
Personne ne sait exactement comment ça a commencé. Ni où ni quand d’ailleurs. Louise pas plus que les autres. Ce qui est sûr, c’est quand les premiers cas sont apparus, personne n’était prêt et ça a été la panique. Des adolescentes qui changeaient d’un coup. Des filles dont la peau se recouvrait de… dont les sens étaient plus… et les capacités… Inimaginable… Cela n’a pas plu à tout le monde. Oh non ! C’est alors qu’elles ont dû se révolter, être des Félines fières et ne rien lâcher !
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Couverture : une couverture assez sombre, mais très représentative de l’histoire.
4e de couv : un texte intriguant avec une petite note de militantisme.
Bilan : Le roman commence par une longue mise en garde et les risques encourus par l’éditeur et auteur, c’est original. Le lien entre l’écrivain et l’histoire de ces filles est bien amené.
Avec une cabine de douche, on arrive déjà sur des thèmes de harcèlement, d’amour entre filles mal perçu, puis tout s’enchaîne. Ce roman aborde les transformations physiques à l’adolescence, les photos moqueuses partagées sur les réseaux sociaux, les insultes, le suicide. Les coups pour aider à suivre le « droit chemin ».
L’auteur pointe également les modèles de la société : poupées sans poil, mannequins glabres dans vitrine, panneaux publicitaires avec femmes dénudées pour vanter tout et n’importe quoi, les femmes enfermées dans des tâches « cuisine-ménage-enfants». Il touche également le port du voile refusé à l’école, comme les shorts pour les filles (mais pas pour les garçons) ou les jupes trop courtes. La question de l’équité et du réel problème se pose.
Puis vient les rafles par la police, les coups, le sang, la haine, les actes désespérés. La folie des hommes. Les camps d’internement pour les félines réfugiées, leur carte d’identité à porter en évidence, le racisme (le temps du nazisme n’est pas si loin.). Les conséquences d’une usine qui ferme se perçoivent entre les lignes. Devoir rentrer dans des cases, correspondre aux étiquettes, fait mal dans ce livre.
Heureusement, il y a aussi une facette plus positive de ce changement : une fois féline, Louise se sent mieux, ne ressent plus ses douleurs. Il y a aussi l’amour, la famille et la solidarité. Se reconstruire dans le changement, l’espoir d’un monde meilleur par ce que porte Louise en elle.
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« Pourtant, ce matin-là, nos différences sautaient au visage. Nous étions aussi différentes qu’avant, en fait. Sauf qu’avant nous n’assumions pas nos corps. On nous dictait comment être. On nous répétait sans cesse « Sois belle et tais-toi. » On nous voulait fines, glabres et douces. On décidait quelle devait être la taille de nos jambes, la forme de nos seins. Et là, dans le parc, alors que les filles se déshabillaient sans honte, j’ai réalisé que ces poils sur nos corps nous avaient affranchies de tous les codes, de toutes les modes. Nous étions rousses, blondes, brunes. Nous étions enrobées, maigres, petites ou grandes. Oui, nous étions tout ça, mais nous étions enfin nous-mêmes. »
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Ce livre, c’est un condensé de situations malheureuses que peuvent vivre les filles, dit avec des mots simples, mais d’une lourdeur bien réelle. Il montre les problèmes de la société qui perdurent depuis des décennies, avec une touche de fantastique pour remuer plus facilement la lie de nos actes.
La touche final avec la collaboration des chats et des chiens est sympa. À se demander s’ils ne seraient pas plus humains que nous, parfois…
Prix littéraire de l’imaginaire Booktubers App
#ISBN9782812618291
#PLIB2020